Bonsoir,
Bravo pour cet article radical qui se place en opposition à la tendance mainstream.
Totalement d’accord avec vous… sauf que les réseaux sociaux d’entreprise sont à peine en train de naitre. Il est un peu radical de jeter bébé avec l’eau du bain.
Totalement d’accord avec vous que le mail n’a pas “tué” les communications téléphoniques… mais il les a très fortement diminuées.
Totalement d’accord avec vous que le mail va survivre… au sein des réseaux sociaux d’entreprise.
Pourquoi cet article radical? Pour faire du buzz? Je serais tenté de le penser quand on regarde les produits de votre entreprise. Vous connaissez la collaboration, les processus d’innovation, et ce qui va avec. Sur le site de votre entreprise, vous proposez, entre autres, à vos clients ” des fonctions communautaires pour créer un réseau social” ou “d’aller encore plus loin dans la valorisation des talents en interne avec un Réseau Social d’Innovation (RSI)”.
Vous savez que le mail est un argument faiblard des évangélistes des réseaux sociaux ou des mauvais vendeurs de solutions. Je peux vous assurer que, Tony Zingale, le patron de Jive Software, la solution leader des réseaux sociaux d’entreprise (je le précise pour les autres lecteurs, je suis sûr que vous le connaissez) a une vision plus large et plus ambitieuse des effets de son produit pour les entreprises.
Vous savez que social et collaboration ne s’opposent pas. Ils sont complémentaires. C’est parce que je collabore avec des collègues que je renforce mon lien social avec eux. C’est parce que j’ai un lien social avec des personnes de mon entreprise que je vais collaborer plus facilement avec eux. Ce n’est pas nouveau. Ce n’est pas arrivé avec les outils réseaux sociaux. C’est juste humain. Nous ne sommes pas des machines. Nous sommes des êtres humains, des animaux sociaux depuis… Aristote.
>Les réseaux sociaux d’entreprise sont l’avenir
Les réseaux sociaux d’entreprise ne sont pas morts et ne vont pas mourir, parce qu’ils sont la seule solution de survie à long terme pour les entreprises.
Pour éviter les amalgames, je fais la supposition que vous parlez des réseaux sociaux… d’entreprise, parce que vous ne le précisez pas dans votre article et que certains commentaires dérivent sur les réseaux publics. Même si je pense que demain, il y aura une extension générale de ces RSE au delà des murs de l’entreprise pour inclure ses partenaires, et une dilution avec les réseaux publics pour intégrer l’individu.
>Une incertitude…
Le monde est devenu incertain. Les changements sociétaux, la fin d’un monde en expansion infinie, les moyens technologiques avec au centre l’internet qui a synchronisé le monde entier, la relation directe et conversationnelle avec les clients, ont bouleversé les business models.
En externe, les gros clients sont mondiaux et demande une réponse globale. JC Decaux ne répond plus à une demande de Coca Cola France, mais à Coca Cola monde, client unique et mondial. Les concurrents apparaissent aux endroits les plus inattendus. Comment la Fnac pouvait prédire qu’un constructeur d’ordinateur deviendrait le leader de la vente de musique en ligne et son concurrent, voir son bourreau? Pour les clients individuels, les points de contacts et les messages se démultiplient et ne peuvent être totalement catalogués et décrits à l’avance.
En interne, les silos se brisent. Le digital, l’internet et la relation directe avec le client brouillent les frontières entre le commercial, le marketing, les relations publiques, et les systèmes d’information (pour ne citer que ceux-là). Pour apporter la même réponse partout et plus vite que les autres, ces équipes doivent au moins se coordonner, ce qu’elles n’ont pas l’habitude de faire.
>qui demande une adaptation permanente…
Tout cela demande une organisation agile, qui s’adapte en étant capable de mobiliser ses ressources en prévision ou en réponse à des questions qui ne peuvent être planifiées longtemps à l’avance.
Les organisations actuelles sont figées et personne ne peut dire quelle organisation est la bonne. La seule solution est de se tenir prêt à. A quoi? Personne ne sait. Alors l’entreprise doit s’organiser pour être prêt à tout. C’est donc sa capacité, son organisation de veille, d’écoute, de connaissance, d’innovation (je simplifie un peu) et de mise en œuvre, qui est capitale et fera la différence avec ses concurrents.
> et la connexion de tous.
Cela passe par la capacité de l’entreprise à (1) connecter toutes ses ressources internes et externes, (2) à pouvoir les mobiliser où qu’elles soient, (3) à faire émerger le savoir informel (celui qui n’est dans aucun document) et (4) à laisser naitre et se développer les idées qui lui permettront de vivre demain.
La réponse, c’est la culture et les processus de l’adaptation, de l’innovation et de la collaboration. Le support de cette culture, c’est le réseau social d’entreprise.
>Alors pourquoi aujourd’hui, pensez-vous que c’est mort.
Je comprends ou du moins je pense deviner votre approche. C’est bien beau de connecter les collaborateurs ensemble et… d’attendre que le miracle se produise, que tous travaillent, soient plus productifs et améliorent les résultats de l’entreprise, ou trouvent de nouvelles solutions.
Je suis totalement d’accord avec vous que cette méthode ne fonctionne pas… sauf dans les entreprises qui ont déjà une forte culture de collaboration (sans parler de l’acceptation de la version beta permanente et de l’erreur).
J’aimerais que cela fonctionne ainsi. J’aimerais que les gens collaborent parce qu’ils n’attendent que cela. J’aimerais que les salariés parisiens d’une entreprise internationale profitent immédiatement et spontanément de ce moyen formidable pour discuter et échanger avec leurs collègues australiens, ou même italiens, ou encore toulousains. Mais, soyons pragmatiques et non pas idéologistes et encore moins croyants, ce n’est pas le cas.
C’est une cible, pour toutes les raisons évoquées plus haut d’une manière un peu simple, que la culture des salariés fassent qu’ils considèrent que leurs collègues sont autant ceux à un mètre dans leur bureau, que ceux à des centaines de kilomètres à Toulouse, ou à des milliers en Australie.
Des clients me demandent parfois pourquoi, puisque cela fonctionne sur internet. Bonne question. Sur internet, seulement 10% environ des personnes contribuent, créent du contenu ou y répondent. Les autres sont de simples spectateurs et consommateurs. Pour une entreprise, c’est insuffisant. Nous sommes loin de la collaboration.
>la collaboration en entreprise est une inconnue totale
Dans cette période tendue, les managers d’aujourd’hui ont les réflexes de leurs habitudes, parce que jusqu’à là, ça marchait. C’est humain, on se replie sur ce que l’on connait, les stratégies de réduction de couts, d’augmentation du travail, l’amélioration de l’existant, sans rien changer au modèle. Les managers et les salariés d’aujourd’hui ont été éduqués, formés pour répondre à une demande hiérarchique et appliquer et optimiser des processus.
La collaboration spontanée, la circulation des informations, de documents, la résolution de solutions, la recherche d’information en dehors de son cercle n’existent pas. Cela n’a rien de naturel. Et je ne parle pas seulement des managers qui voudraient conserver leur pouvoir de l’information. Je parle de la majorité des salariés. Un manque de volonté, un manque de connaissance et souvent une culture de la protection. L’utilisation de ce que je produis est vécue comme un vol. Peu de salariés sont éduqués sur les externalités positives de ce partage, de cette mise à disposition, de ce vol.
>Il faut hacker l’entreprise
Comment faire pour qu’une entreprise adopte un réseau social d’entreprise sans parler de … social? Sans que tous pensent, comme vous le dites, que les salariés vont “passer beaucoup de temps à être improductifs au travail”.
Au passage je suis sûr que beaucoup pensent que les concours de vente, que vous appelez “des programmes d’incentive” (je peux être aussi un peu radical ;-) ) ne sont pas les plus efficaces pour la productivité des commerciaux, surtout associés à des récompenses. Dan Pink montre que la motivation du travail intellectuel est basée sur l’autonomie (autonomy), la maitrise (mastery) et le but (purpose), et que la carotte peut même être contre productive.
L’entreprise veut diminuer ses couts ou augmenter son chiffre d’affaire. Il faut satisfaire son besoin. C’est tout de même le minimum vital de dégager du cashflow pour pouvoir s’adapter. Les salariés veulent faire leur travail et ne pas en faire plus que ce qu’il leur ait demandé. Il faut satisfaire leur besoin.
Il faut trouver les moyens et les actions pour que toute l’entreprise ait besoin, envie de travailler sur le réseau social d’entreprise.
Il faut montrer aux dirigeants qu’ils peuvent gagner des affaires qu’ils n’auraient jamais gagnées autrement, ou diminuer des couts en supprimant des applications ou des processus devenus inutiles.
Il faut montrer aux managers que leurs équipes vont travailler mieux et plus vite, et que les commerciaux vont mobiliser rapidement des experts, en partageant mieux les connaissances sur les fournisseurs ou les clients, et remporter des appels d’offres (A ce propos j’utilisais Lotus Notes avant internet dans une entreprise mondiale pour partager à l’international les informations sur les deals fournisseurs).
Il faut montrer aux salariés, sans jamais mettre en avant le social (ceux qui le veulent le trouveront tout seuls), qu’ils feront mieux leur travail et mieux ce qu’on leur a demandé sur ce réseau.
En résumé, il faut travailler avec eux la manière dont le réseau social peut les aider plus facilement à atteindre leurs objectifs. On verra plus tard pour les dépasser.
>pour l’éduquer sans qu’elle le sache
Ensuite, par capillarité, par découverte, par sérendipité, parce qu’ils sont tous à bord de cet immense navire, dans cette place unique, ils découvriront la facilité à travailler facilement avec des collègues de Toulouse, et qu’un australien travaille sur le même sujet qu’eux, et qu’ils peuvent s’aider mutuellement.
Sous prétexte de partage de documents, il faut leur laisser découvrir le partage des savoirs.
Je vous rejoins pour dire que “seuls les outils collaboratifs orientés vers un résultat en ligne avec la vocation de l’organisation peuvent perdurer et prospérer”. Je rajouterais également que cela demande le soutien du top management et un véritable travail quotidien et constant.
Mais encore une fois, réseau social ne sous entend pas qu’il n’y a pas de collaboratif. Vous auriez pu écrire le même article en expliquant que seuls les réseaux sociaux d’entreprise qui permettent et favorisent la collaboration peuvent perdurer et prospérer.
Tout comme le réseau téléphonique d’entreprise ne sert pas qu’à travailler, tout comme le réseau de messagerie de l’entreprise ne sert pas qu’à être productif, le réseau social d’entreprise ne sert pas qu’à collaborer.
Je suis sûr que si les blogs avaient existé, quelqu’un aurait écrit au lancement du téléphone en entreprise, qu’il mourra parce qu’il demande “aux individus de passer beaucoup de temps à être improductifs au travail”. Et un autre aurait écrit la même chose au lancement du mail.
Par contre, ces premiers réseaux sociaux, parce que c’est ce qu’ils sont intrinsèquement (comme La Poste a raison d’affirmer qu’elle a été le premier réseau social), ont perduré et prospéré en entreprise parce qu’ils sont “orientés vers un résultat en ligne avec la vocation de l’organisation”.
>à travailler sur une place publique et unique.
Je fais une différence fondamentale entre ce que vous appelez (je suppose en relation avec ceux que vous vendez) des outils collaboratifs, que je vois comme isolés ou à but unique, et un réseau collaboratif, qui, en plus, connecte tous les salariés.
Nous ne savons pas ce qu’il y aura demain. Il faut donc donner la possibilité à chaque salarié de se connecter et de collaborer avec tout autre salarié. Qui sait d’où émergera la prochaine idée? A la base d’internet, il n’y a que la connexion, l’exposition des idées et l’échange (vive les antiques forums). Vous conviendrez que résultat est assez concluant d’un point de vue business, et suffisamment productif.
Les outils collaboratifs sont isolés parce qu’ils s’adressent souvent à une seule catégorie de salariés. Vous êtes commerciaux. Vous allez améliorer vos ventes.
Les outils collaboratifs sont à but unique, parce qu’ils servent à faire une seule chose. Vous voulez innover. Cet outil collaboratif vous permet d’innover, mais pas plus.
C’est bien. Mais pourquoi séparer les choses. Améliorer les ventes n’est pas que le travail des commerciaux. Il peut être l’affaire de tous. Innover sur une plate forme c’est bien. L’innovation doit être organisée… une fois que l’idée est née. Mais la naissance de l’idée vient souvent de l’échange et de la confrontation.
Je comprends le concept de l’efficacité du concept de spécialisation, un outil pour un objectif. C’est concret. C’est mesurable.
Je propose ici de le faire sur un espace unique. Un outil pour un objectif… sur un réseau social ou une plate forme collaborative si vous préférez.
>une plateforme des possibles
Le réseau social d’entreprise doit être une plate forme du possible de et dans l’entreprise.
Une plate forme pour que chacun puisse (1) utiliser les moyens de l’entreprise et s’exprimer pour l’avenir de l’entreprise, (2) se connecter avec n’importe qui sans contrainte hiérarchique, et (3) pour capter toute la valeur créée à l’intérieur de l’entreprise.
Une plate forme au sens de ce qu’exprime Henri Verdier dans son livre “l’âge de la multitude” lorsqu’il parle de plate forme, comme Amazon ou l’Iphone d’Apple.
“L’entreprise qui opère une plateforme met différentes ressources à disposition de celles qui opèrent des applications : des données, une marque, des produits, des circuits de distribution. En cela, elle est un facilitateur et un libérateur d’innovation : « Voilà tout ce que j’ai. Faites-en bon usage. Nous mesurerons si vous faites du bon travail. » C’est aux antipodes du comportement d’un client habituel, qui pratique de la rétention, inflige à son fournisseur les conséquences des conflits et rivalités internes à l’organisation, se montre peu réactif, fait remonter trop de décisions à un arbitrage de trop haut niveau – et tout cela sans forcément comprendre mieux les consommateurs et leurs attentes.”
“Une plateforme s’en remet à une multitude d’entreprises ou de développeurs pour mettre au point des applications avec ses ressources.”
Pour finir sur une pirouette, je souhaiterais savoir ce que vous pensez de Linkedin. Pensez vous que c’est un outil collaboratif ou un réseau social?
Quand on voit ce que l’entreprise est devenu aujourd’hui et son chiffre d’affaire, il est évident qu’il répond à un besoin et permet à des personnes de créer de la valeur, à travers des échanges qui n’auraient pas lieu autrement, et ce malgré le fait qu’il n’est pas orienté vers un résultat précis, si ce n’est le fait de connecter les gens et de leur permettre de partager.
Je sais que ce n’est pas un réseau/outil d’entreprise, mais pensez-vous, qu’au sein d’une entreprises, les mêmes fonctions pourraient apporter quelque chose? Comme transposer ce besoin de se valoriser, de se connecter à l’intérieur de l’entreprise, puisqu’un individu ne laisse pas son ego à la porte de son bureau.
>Au plaisir d’en discuter.