Encore un usage du livre qui disparait. Ni bien, ni mal. Mieux.
Quand j’étais au lycée, il y avait chez moi une encyclopédie Universalis en je ne sais plus combien de volumes. En tout cas beaucoup et suffisamment pour qu’on parle de puit de connaissance. Rigolo avec le recul ;-) C’était ma seule source sérieuse à coté de tous mes livres et ceux de mes parents. Je me souviens de l’odeur, de la lourdeur des pages, et du plaisir de lire des articles trop compliqués. Sortir un volume n’était pas anodin et vu sa taille, impossible de le laisser trainer. Il a fallu apprendre le respect de ces grands livres pour prendre le temps de les remettre doucement et avec précaution entre ses congénères.
Ils y sont toujours. Des reliques. Les pages auraient été mangées par des rongeurs amoureux des belles lettres que nous ne le saurions jamais.
J’ai pensé à tout cela en lisant que l’Encyclopaedia Britannica abandonnait le papier.
Bien ou mal? Évidemment ni l’un ni l’autre.
La question n’est pas sur le support. La question est sur le service que rend l’encyclopédie et la pertinence du support pour rendre ce service. Est-ce que les 28 volumes sont le meilleur support pour accédera au savoir encyclopédique?
Diderot écrit en 1751 : « Le but d’une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ; d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous; afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été inutiles pour les siècles qui succèderont; que nos neveux devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux; et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain » (Wikipedia – Encyclopédie)
Si j’écoute Diderot, je me dis que Wikipedia est plutôt une bonne réponse.
Comme je l’ai dit dans ce billet “La calculatrice est le premier eBook“, “le livre papier a de multiples usages et qu’il répond à de nombreux besoins. Ceci parce qu’il est et était le meilleur moyen ou support pour ce besoin à un moment donné. Dès qu’il n’est plus le meilleur, il est remplacé.” Le papier était le meilleur support pour “rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre”. Il ne l’est plus. Point.
Alors que puis-je faire avec mon encyclopédie universalis en ligne que je ne pouvais faire avec mes 28 volumes?
Je laisserais d’abord la parole à Encyclopedia Universalis, sa maison d’édition :
Le projet encyclopédique dont l’Universalis est porteuse trouve dans l’édition numérique des soutiens puissants. Deux exemples :
- le réseau d’indexation sans équivalent, constitué depuis l’origine, mais que la numérisation a transformé en véritable système nerveux. Il est à l’œuvre non seulement dans la navigation au sein du fonds mais aussi pour accéder de façon sélective et pertinente au Web ;
- la possibilité de réaliser à travers cet « enchaînement des connaissances », qui selon Diderot définit une encyclopédie, un projet de caractère pédagogique, ouvert à chacun « selon sa portée », sans concessions ni exclusions.
Les informations sont plus rapidement mise à jour. Simple. Comment mettre à jour les connaissances de 28 volumes? Entre 1968 et 2009, il y a eu 6 éditions papier. La nouvelle édition 2011 (ils n’ont pas encore arrêté le papier) compte 30 volumes pour …. 3660€! En tout cas, un particulier attendra un peu…
>La recherche
On peut chercher une notion en 2 secondes dans la totalité au lieu de passer des heures à tourner les pages, sans être sur d’avoir raté un passage. Les connaissances ne sont pas limitées par le papier. La seule limite sont la production d’articles. On peut croiser, comparer des passages, des auteurs, des personnages….
>La profondeur
Je peux avoir accès à toutes les versions et voir l’évolution des notions, avec celles qui se sont développées rapidement comme… l’informatique. Je peux comparer les versions par langue et pays. Elle n’existe qu’en français. Ah. Alors c’eut été une grande avancée… et c’est une belle opportunité d’évolution pour un cout moindre.
>Un nouvel accès à la connaissance
La connaissance peut aller dans des endroits et des moments où elle n’avait jamais pu aller avant. Depuis mon portable quand je me pose une question. Depuis un texte dans un ebook pour éclairer une notion (il n’y aura pas que Wikipedia). La connaissance s’étend et se répand sur n’importe quel support et n’importe où, au moment où j’en ai besoin. Difficile avant, dans le métro, de se poser une question et de la retenir jusqu’à ouvrir le volume M-N et … ne pas trouver la réponse.
>un peu de social
Je peux échanger avec d’autres. Je peux regarder des commentaires d’autres lecteurs, d’autres experts. Les articles évoluent selon les corrections des auteurs. Un flux. Je peux aussi dialoguer avec les auteurs et ces échanges feront partie de l’encyclopédie.
>Une nouvelle relation avec les clients/lecteurs
Universalis peut savoir comment l’encyclopédie est utilisée. Ce qui était impossible avant. Ils peuvent faire un peu d’analytique et observer ce qui est consulté, utilisé, à quel moment, dans quel contexte. Par exemple, si l’on a la liste des recherches qui n’ont pas abouti, on peut connaitre ce que les lecteurs veulent savoir. On peut imaginer de communiquer avec eux pour confirmer ce besoin et si c’est bien le cas, ajouter les articles nécessaires.
Et vous, comment utiliseriez vous cette version on line de votre encyclopédie Universalis qui se tient si droite sur vos étagères?