Vous voulez vendre à votre client. Je me permets de penser que la première chose à faire est de s’intéresser à lui. C’est tout de même lui qui paye à la fin.
un client en plein changement
Vous vous sentez seuls, perdu dans ce vaste monde erratique et instable. Je ne sais pas si cela vous rassure, mais votre client aussi. Au passage je tiens à vous rappeler que vous êtes vous même un client. Si. Donc votre client est seul perdu dans ce vaste monde erratique et instable; votre client est un individu seul qui doit faire des choix. L’individualisation n’est pas un vain mot sociologique.
Avant il faisait partie d’une communauté. L’environnement était stable. Le ciel bleu et le vin léger. Il était boulanger comme son père avant lui, et son grand-père avant son père. Pas de question. Les anciens lui transmettaient leur savoir pour qu’il puisse appréhender les difficultés du monde telles que connues depuis plusieurs générations. Pour une situation, on savait qu’il fallait faire ainsi et surtout pas autrement. Pas de question.
Premier changement, le client n’est plus dans une communauté. Il est seul avec lui-même. Il doit s’affirmer. Prendre des décisions et les assumer. Dur.
Deuxième changement. Le monde change rapidement. Les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Son père ne peut plus l’aider face à ces nouveaux problèmes. Il doit inventer de nouvelles solutions. seul. très dur.
Troisième changement. Il n’y a plus un seul choix à faire mais des milliers. L’hyperchoix est la règle. L’hyperchoix permanent est l’habitude. Comme nous sommes éduqués, il se doit de faire un choix qu’il peut nous expliquer, un choix rationnel, sinon c’est mal. Très très dur.
Aujourd’hui votre client doit donc choisir 1. seul 2. sans référence 3. parmi des milliers de choix 4. de manière rationnelle 5. en permanence . Pas besoin de vous faire un dessin. Il est un peu tendu.
Résumé rapide et caricatural (pardon d’avance à tous les sociologues, experts sociaux et autres… les remarques, encouragements, critiques et corrections sont les bienvenues), mais nécessaire pour mettre un bémol au concept de choix rationnel de l’agent économique qui suppose une connaissance parfaite du marché. Rigolo.
Pourtant votre client continue à faire des choix. Tout le temps. Ou il est devenu fou.
un client pas tout seul
S’il n’est plus dans une communauté, qu’il n’efface plus son individualité devant la prédominance du collectif, et qu’on ne lui dicte plus ses choix (officiellement) votre client n’est pas non plus vraiment seul.
Il est au centre de son écosystème. Il navigue dans son environnement.
Il utilise d’autres produits que le votre. Beaucoup d’autres. A différents moments de la journée. A différents moments de l’année.
Il fréquente des endroits, des lieux physiques ou virtuels, peu importe. Il y est parfois, souvent, tout le temps. En tout cas il passe par là, et il repassera sûrement par ici.
Il a des groupes d’amis, de relations, de connaissances… un peu beaucoup, trop. Des personnes avec qui il est en contact, discute, mange, danse, et plus si affinités. Autrement dit, il a un réseau social.
Il a des comportements, des habitudes. Une manière d’agir à lui, qui n’est pas celle de Paul… un autre client à vous. Passons.
Non je ne mettrais pas ici les croyances. pourquoi? parce que c’est très personnel, hautement explosif, et qui si cela devient impactant, c’est que nous sommes passés dans la case comportement.
En résumé, simple, il ne connaît pas que vous.
Alors. Menace? Opportunité?
2 Responses to “La relation client c’est bien. Mais votre client, ça vous intéresse?”
15/03/2012
Frédéric AbellaCédric,
Cette remarque sur la communauté me fait penser que j’ai été un peu rapide sur la notion de communauté telle que je l’entendais. Je pensais à une communauté fermée et subie où l’on priorise le collectif sur l’individu. La famille. Le village. L’église. Ce sont des communautés dans des temps difficiles et pour survivre, pour que chacun de ses membres survivent, elles imposent le collectif. Celui qui ne respecte pas cela est exclu.
Pour des raisons diverses, ce type de communauté a disparu pour beaucoup d’individu. La notion de communauté existe évidemment aujourd’hui. Mais ce sont des communautés auxquelles l’individu / le client décide d’appartenir et dont il est libre de partir. C’est une vision extrèmement simplifiée et extrème. C’est la tendance aujourd’hui. Un individu s’identifie par rapport à lui même et/ou en tant que croisement de ses communautés.
Totalement d’accord sur le fait qu’une marque et un client vont se réunir, s’ils dépassent l’acte d’achat, autour de valeurs et peuvent aller jusqu’à former une communauté.
Frédéric
06/01/2012
CedricPour moi on ne peut pas dire qu’un client aujourd’hui n’est plus dans une communaute, au contraire aujourd’hui il participe ou guide/influence plusieurs communautes a la fois.
Les frontieres de ces communautes sont davantage fluctuantes et poreuses qu’auparavant et peuvent se former et se “dissoudre” rapidement.
Ces communautes sont souvent centres autour de certaines valeurs et je pense que le role d’un fournisseur/d’une marque est d’expliquer quelles sont ces valeurs, et pourquoi client et fournisseur sont alors “pareil”