Lors d’une récente conférence de l’Atelier Français, j’ai vu un auteur de la littérature numérique s’étonner de se définir comme un chef de projet. Je me demande comment les industries médias peuvent être encore aussi séparées…
Un film est un projet à part entière avec de nombreux spécialistes réunis pour pouvoir accoucher de l’œuvre. Le cinéaste ou le scénariste n’est pas seul. Un disque est un vrai projet également. Le musicien, l’auteur, ou le chanteur n’est jamais isolé…
L’écrivain est solitaire…
Je réalisais doucement que l’écrivain est seul à sa table tard dans la nuit, avec son petit stylo et sa feuille trop blanche, alors que s’évanouit au loin le murmure de la civilisation et que même l’homme peu pressé de rentrer s’en est allé …
Il écrit à sa manière mais il écrit seul. Et là est son plaisir (parfois). Et là est sa force. Il se contente d’un rien. Son seul véritable contact est son éditeur. Juste avant de se perdre d’ennui sur une table lors du salon du livre en regardant ses ex-futurs lecteurs déambuler… trop loin. L’éditeur est le commandant de ces lutins cachés qui œuvrent loin de l’auteur pour que son bébé s’étale enfin sur les rayons des librairies.
…mais pas le multimédia.
Le Multimédia ne porte pas son nom pour faire joli. Qui dit “multi” dit waouh mais je ne vais pas pouvoir tout faire tout seul. Je ne sais ni dessiner, prendre des photos, chanter, et encore moins filmer. Et surtout pas tout à la fois.
Mais rassure-toi, auteur, tu n’es pas seul… Tu ne dois pas savoir tout faire. Il y a des spécialistes. Malheureusement, auteur, tu n’es plus seul. Tu vas devoir faire faire et déléguer à des spécialistes. Ni mauvais, ni bon. C’est simplement une porte vers d’autres mondes qui s’ouvre à toi.
Ne pas réinventer la roue
Ce qui me surprend ici est de voir certains auteurs se sentir explorateurs dans ces mondes où tout serait à inventer. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je salue leur enthousiasme et leur envie, la beauté de leur créativité et cette passion qui soulève des montagnes. Mais passer d’un travail solitaire sur du texte à un projet d’équipe sur du multi médias est plus qu’un long chemin. A part réinventer la roue dans un monde autoroutier, ces explorateurs ne feront pas grand-chose.
Je milite pour les croisements de ces mondes autrefois isolés. A cause du Grâce au numérique et les facilités qu’il apporte, ils s’entrecroisent comme jamais auparavant. Et les auteurs, propulsés artistes multimédias, créeront des choses nouvelles… s’ils ne passent pas leur temps à réinventer la roue.
Le jeu vidéo
Je pense que les acteurs du jeu vidéo sont parmi les mieux placés dans ce monde digital. Pour eux-mêmes et encore plus pour les autres. Ils sont nés digitaux. Ils ont grandi multimédias. Ils gèrent des projets à longueur de journée. Et puis la gamification, c’est un peu le truc à la mode en ce moment… Qui dit mieux?
Je propose un croisement éditeur de livres, auteurs et éditeurs de jeu… Au fait… on en parlait déjà un peu au 3eme événement de l’Atelier Français.
C’est un nouveau marché pour l’industrie du jeu vidéo. Ce sont des savoir-faire pour l’avenir du livre.