L’ipad 1 , 2 ou 26 ne sauvera pas la presse papier
parce que la presse papier n’existe plus
parce qu’aujourd’hui savoir mettre de l’information sur un papier chaque jour de la semaine n’est pas un avantage concurrentiel.
Une planche de salut
La presse papier (comme le livre) a pensé que l’ipad était la planche de salut. Non parce qu’il est joli et d’une puissance plaisir incroyable, mais parce qu’il est le terminal qui ressemble le plus au papier. Dans les ruptures, chacun se raccroche à ce qu’il connaît et la presse a vu dans l’ipad le remplaçant du papier. Il l’est, au même titre que les autres lecteurs d’eBooks, et un peu plus, c’est vrai. Il l’est aussi, pour le moment, en attendant que le papier électronique prenne sa pleine puissance et révolutionne vraiment les usages, ou qu’un autre terminal que nous ne pouvons imaginer aujourd’hui apparaisse. Alors que se passera-t-il quand l’ipad sera dépassé? parce qu’il le sera.
La presse papier doit oublier qu’elle est la presse papier.
L’ipad, digne successeur du papier, ne sauvera pas la presse papier, parce que le problème n’est pas le papier. Le journal papier était jusqu’à maintenant un des meilleurs moyens de délivrer de l’information. Il n’était plus le seul depuis l’arrivée de la radio et de la télévision (qui se sont d’ailleurs bien servi au passage – voir cet article d’Alain Joannes sur le suicide du journalisme). Aujourd’hui il ne l’est plus. Nous avons changé de monde. Le papier est seulement un moyen parmi d’autres de délivrer de l’information.
La presse papier doit oublier qu’elle publie de l’information sur du papier. Elle doit oublier qu’elle est la presse papier. Elle doit comprendre et admettre que son nom n’est que la description d’un moyen technique. Elle doit retrouver pourquoi elle publie de l’information (et les journalistes doivent retrouver pourquoi ils sont journalistes). Quelle est son métier, sa mission, sa valeur.
Quand elle aura répondu à cette question, elle pourra commencer à penser à quelle manière elle distribue cette information. Et tous les choix sont ouverts. Cela implique de savoir dans quel environnement elle évolue, quels sont les nouveaux paradigmes et comment par exemple elle se situe par rapport au flux continu d’information. Elle pourra comprendre alors qu’un terminal (et le papier est un terminal) n’est qu’un moyen temporaire de distribuer, voir et/ou lire l’information. Temporaire.
Si je peux me permettre humblement d’apporter ma pierre, deux choses me paraissent indispensables :
Le contenu. Je reprendrais ce que disait Florent Latrive de LibéLabo.fr, lors de la conférence innovation au Napoléon (voir mon billet sur cette conférence). Il faut garder cet historique de qualité de l’information, la mettre en valeur grâce à tous les moyens à disposition (texte, photo, vidéo, animations…) sur tous les supports choisis, quel que soit le modèle économique, comme gratuit (rue89) ou payant (mediapart).
Les lecteurs/clients. Il faut les faire participer et les engager. Pour améliorer le contenu et pour assurer la pérennité financière.