Petit retour sur le dernier Atelier Français, qui s’est déroulé le 9 février 2011 et nous a parlé de “la culture [qui] fait son événement sur le web”. Un vrai moment live pour un vaste sujet avec de vrais morceaux de vérité dedans qui m’ont interpelé sur l’extension de l’évènement dans le temps et dans l’espace.
Lors de l’atelier, les intervenants nous ont présentés des expériences de réel (offline) mis à disposition sur internet (online) pour créer quelque chose de différent, voir de nouveau. Du coté de Deezer (Axel Dauchez) et de Arteweblive (Joël Ronez), des concerts, et du coté de UniFrance (Xavier Lardoux), un festival de films. Ils nous ont parlé de la chronologie des médias, de l’importance de la qualité, de la stratégie internationale, des partenariats, des droits, et de la difficulté d’installer le flash player d’Adobe.
Je retiens ici – la disponibilité de l’évènement dans le monde, au-delà du lieu où il est live (offline / online) – la disponibilité de l’évènement dans le temps, au-delà de l’instant où il est live (ontime / offtime). Cela m’a rappelé une partie de mon billet sur le magazine Gala (Gala. Du journal à la marque) sur la valeur inexploitée du contenu de tous les numéros publiés semaine après semaine.
Extension dans l’espace.
Le contenu ontime et offline (on disait live avant) placé en temps réel dans un endroit nébuleux (online) est visible depuis n’importe quel point du globe (sous réserve mineure que ce point est une connexion internet haut-débit. Oui oui, c’est mieux.). Si la promotion nécessaire et adéquate a été faite pour que le consommateur au point du globe cité plus haut soit au courant de l’évènement et de sa mise à disposition, le marché atteint par ce contenu passe subrepticement d’une échelle locale à une échelle mondiale (pour MyFrenchFilmFestival, 171 pays). Ceci pour un cout mineur par rapport à une diffusion à la télévision. La force ici par rapport à la radio ou la télévision est la possibilité pour tous les spectateurs offline et online d’interagir ensemble grâce à des outils comme Twitter. C’est ce que nous propose d’ailleurs l’Atelier Français en diffusant ontime et offline les tweets, qu’ils viennent de personnes présentes dans la salle ou depuis le site internet. Il y a un mélange fort ontime du offline et du online pour vivre un évènement au-delà des contraintes d’espace.
Extension dans le temps.
Cet évènement ne disparait pas online. Il est là. Disponible nuit et jour, aujourd’hui, demain, dans une semaine, un mois ou un an. Disponible avec beaucoup d’autres (pour ArteLiveWeb, c’est chaque année, 600 concerts qui sont à portée de clic). Il va avoir sa vie propre (offtime). Et ce n’est pas seulement ce contenu qui vit dans le temps, c’est surtout le contenu dérivé, comme les interactions des spectateurs. Une semaine après l’évènement, une conversation commencée ontime peut être poursuivie par un internaute qui vient de voir l’évènement (c’est un point extrêmement différenciant par rapport à un DVD). Le web devient ici une mémoire du temps qui passe. De l’évènement lui-même et de son extension.
Cette mémoire est l’opportunité de valeur qui est encore insuffisamment exploitée.
Ce n’est pas un phénomène nouveau. Un film, un livre, un disque, un journal ou un magazine, une fois sa vie de diffusion commerciale terminée vient remplir le fond, le catalogue. Ce catalogue est exploité pour faire des rééditions, des collectors, des best-of. La liste est longue. La différence online est la disponibilité totale de ce catalogue (un clin d’œil à la longue traine) dans le temps et dans l’espace. Sa valeur est directe avec la vente ou la location de sa consommation online. Mais elle est aussi indirecte soit par l’utilisation du contenu pour vendre autre chose, soit par la création d’une relation différente avec le consommateur qui peut par exemple manipuler/utiliser gratuitement les contenus pour en faire quelque chose de nouveau, continuer à le commenter ou encore y faire référence ailleurs et ainsi ramener de nouveaux consommateurs.
Je parlerai peut-être dans un autre billet des questions de droits soulevées par cette mise à disposition mondiale de contenu. Je voudrais seulement ici dire que, lors de cet atelier, j’ai entendu tous les moyens mis en œuvre pour reproduire online les barrières offline (comme l’adresse IP) et que j’espère qu’elles disparaitront au profit d’une nouvelle manière de rémunérer qui ne casse pas les opportunités de cette extension d’un contenu dans l’espace et le temps.