Live@home est une nouvelle émission musicale… sur internet. Ses différents aspects sont très bien décrits dans un article de Challenges. Il nous montre qu’avec un concept, de l’envie et de la créativité, une équipe a réussi à faire de la qualité et à fédérer différents acteurs.
Deux diffuseurs du web à la recherche de contenu, Dailymotion et WAT, veulent être plus que des tuyaux et proposer du contenu de qualité. Un créateur de contenu (je sais bien qu’ils ne créent rien, mais je simplifie pour l’image), la maison de disque Universal cherche quelque chose qui lui permette de “reprendre notre destin en main, de valoriser nos artistes et de les promouvoir selon le timing qui nous convient.“. Des marques, L’Oréal et Chanel, veulent se promouvoir et s’associer à une image de culture, de qualité et d’innovation. Contenu + tuyau + financement = concept gagnant.
Nous avons là le premier effet kisscool. Le concept est amorti et chacun des participants est déjà gagnant. Cela sans même prendre en compte, ni le bénéfice pour les artistes, ni les notions d’interactivité avec les fans, c’est-à-dire la relation client.
Le deuxième effet kisscool, c’est l’effet de levier sur une double diffusion. Et d’un, avec la diffusion vers d’autres pays, avec de nouveaux sponsors. Nouvelles recettes. Et de deux, avec la diffusion vers d’autres canaux, comme TF1, qui veulent bien payer pour l’avoir. Encore de nouvelles recettes.
C’est un cas d’école (facile d’en parler après) de la réunion d’intérêts pour créer plus de valeur, en comprenant et exploitant un nouvel écosystème.
Un autre aspect que je trouve intéressant à travers live@home est la position des chaines historiques et en particulier de TF1. Comme le précise l’article de Challenge, “le rapport de forces est en train de se rééquilibrer. Les fondateurs de Live@home sont à présent courtisés par les télés qui voudraient inclure l’émission dans leur grille en inventant un nouveau business model basé sur le partage de revenus. Un groupe comme TF1 ne peut évidemment ignorer pareille occasion.”
Une vision positive dira que nous assistons à la transformation de TF1 en tant que média. Ma vision négative est que nous avons ici un nouvel exemple de son manque total de créativité et l’annonce de sa disparition.
Erodé par la TNT qui permet déjà de tester des concepts, bousculé par M6 qui a inventé la plupart des nouvelles émissions qui marchent, TF1 ne sait que diffuser des séries américaines déjà vues 10 fois et remettre en place les anciennes émissions françaises avec le même animateur… plus vieux . Aujourd’hui, TF1 veut diffuser du contenu provenant du web. C’est bien pour l’instant. Cela valorise du contenu de qualité. Mais demain TF1 ne fera que rediffuser du contenu construit sur le web, et il sera en concurrence avec Google qui se positionne depuis longtemps sur ce marché avec sa Google TV et Youtube.
TF1 a aujourd’hui encore une puissance de diffusion absolument colossale pour atteindre une cible. Il est donc utile pour un producteur de contenu d’atteindre un influenceur / diffuseur comme lui. Mais demain… lorsque ce producteur aura trouvé d’autres moyens d’atteindre sa cible, lorsque le contenu du web aura le même niveau de diffusion que TF1 aujourd’hui, ou bien que la diffusion de TF1 aura tellement diminué qu’elle ne sera qu’une parmi d’autres. Que sera TF1 en fin de compte?
En fait pour le contenu musical, demain a commencé, comme l’explique le blog Bloghoz dans un post sur Live@home, « Il n’y a plus beaucoup de fenêtres pour faire la promotion de sa musique à la télévision, constate Didier Rappaport. Avec «Taratata» sur France Télévisions, on touche 300 000 personnes. L’audience en fait est ailleurs, elle est sur le Web : 7 millions de visiteurs uniques sur Deezer, 3,5 millions sur Dailymotion… » ou un rapport récent du CSA (Les médias audiovisuels et la musique – juin 2010) “(…) les médias traditionnels ne sont plus le vecteur d’exposition déterminant de l’offre musicale pour l’industrie elle-même, même s’ils continuent à jouer un rôle indéniable de prescription dans le développement de la carrière des artistes. Les médias traditionnels sont mis en concurrence désormais avec d’autres acteurs issus des télécoms et de l’internet tant en termes d’offres que d’usages.”
Bientôt, TF1 ne sera plus utile. Vestige du passé, tel un géant au pied d’argile et au cœur sec, qui n’a pas su s’adapter, il sera une trace dans un dossier de l’Ina. Et la ménagère de moins de 50ans peut-elle sauver TF1? Aucun espoir. Les années avancent, mais la ménagère de moins de 50 ans a toujours moins de 50 ans. Elle sera donc demain une digitale native et aura une télévision connectée qui lui offrira depuis son salon les contenus du web… sans TF1.
Si TF1 et les autres chaines historiques ne repensent pas leur place, leur force, leur valeur dans le monde d’aujourd’hui, elles disparaitront… simplement.
One Response to “Live@home – d’un concept gagnant à la disparition de TF1”
05/07/2010
FrançoisJe suis loin d’être le dernier à souhaiter la fin de TF1 mas elle risque justement d’être bcp plus protégée que M6 de par son public assez âgé/ringard (une grosse partie de la jeune génération n’étant pas si digital native…).
Enfin bien-sûr à terme le modèle des chaînes de télé n’a aucun sens, on le sait déjà depuis quelques années, les premières vraies alternatives sortent, vivement une vraie démocratisation et la mondialisation du contenu qui ira forcément avec…